

RÊVES-RIENT
1- Autour des textes sur le cinéma primitif de : B.Cendrars - J.P.Sartre- Audiberti- M.Gorki J.Roth- A.Valentin- D.Thomas- A.Delons- T.Wolfe- H.von Hofmannsthal- R.Daumal- G.Janouch- Kafka –
2 - les projections de trois
FILMS COURTS
d’Henri Gruvman
« Bol de Jour »
et
«Je reviens de suite »
et
« Shimpf la fumée»

Le cinéma a toujours entretenu des rapports plus ou moins proches avec le rêve ; et ceci dès sa naissance. La fluidité des images, le changement des valeurs de plans, la déformation du réel, le jeu sur le temps… établissent des rapports évidents avec l’univers changeant,mobile, incertain, déroutant de notre monde onirique. Le spectateur de cinéma se plonge toujours et encore avec délices dans le bain pelliculaire ou vidéographique; il retrouve le temps d’une séance l’innocence et l’émerveillement. C’est pourquoi les immenses possibilités offertes par la technique actuelle fascinent. Elles nous font retrouver les émois de notre enfance. Mais nous sommes aussi des spectateurs adultes et le rêve peut et doit interroger notre réalité pour vraiment nous toucher et nous parler.
Dès le début le cinéma s’interroge sur sa magie, son rapport au social, ses limites, son pouvoir d’aliénation et de libération. Dans la spontanéité d’un art, qui fait ses premières armes, toutes les questions qui l’agiteront par la suite sont posées. Les grandes rêveries, la fascination, les interrogations, les peurs, les réticences et les critiques sont autant d’éléments qui le pose dés ses premiers pas comme un art spécifique avec sa grammaire, ses lois. Ses ailes de géant à lui ne l’empêchent pas de marcher !

Bien que muet et justement parce qu’il ne connaît pas à ses débuts, l’obstacle de la langue, il s’adresse à tout le monde, dépassant les clivages de classe et de culture. Avec le parlant, il perdra un moment sa spécificité pour se soumettre en partie au théâtre. Mais le voilà, avec le règne des « effets spéciaux » embarqué dans d’autres aventures.
La fureur technologique qui agite le cinéma avec l’irruption de la vidéo et de ses effets, de l’internet, nous replonge dans cette période des origines.
Nous sommes dans une période de bouleversements et il est bon de réentendre ce qui émerveillait nos grands parents ; comme il est bon, de ne jamais oublier l’enfant qui est en nous et qui s’émerveillait de la vie qu’il découvrait. Ce qui étonnait nos grands parents à l’époque c’était qu’on puisse reproduire la vie ; voir un train arriver, des gens s’agiter et sortir d’une usine par exemple ;ils n’en revenaient pas de voir ses « ombres » simuler la vie . Puis très vite, la veine fantastique et poétique avec Méliés, s’impose, captive. Ce qui étonnait, c’était non plus la reproduction du réel, mais au contraire sa distorsion.
Un siècle plus tard, nous voilà avec des moyens illimités, capable de tout faire et même de nous passer d’acteurs, de les reproduire comme de vulgaires clones.
Qu’est ce qui peut encore nous étonner, nous émerveiller ?
Dans cette inflation des virtualités, il est plus que nécessaire de retourner à la source poétique de l’image et d’écouter ceux qui ont assisté avec joie, stupéfaction et souvent effroi à la naissance du cinéma.
Les textes inspirés par les débuts du Cinéma seront accompagnés par deux musiciens : Romain Tallet, saxophoniste membre d’Urban Sax, qui a fait la création de la musique et Guillaume Feyler violoncelliste ou Julien Blanchard ( contrebassiste ).
Enfin la « séance » se terminera par une ode à un cinéma
« sans écran, sans décor, sans caméra » intitulé « Le grand chahut »
(Une nouvelle rocambolesque où les mots se prennent pour des images, où l’écriture se voudrait aussi rapide que le film - un combat bien difficile, soutenu par la musique- )
